Comment équiper son canoë de gonfles.
Il n’est pas encore dans les habitudes françaises d’équiper son canoë “Canadien” avec des gonfles de flottabilité. Au mieux, les nombreux adeptes de la randonnée arriment leur paquetage ou un bidon étanche, en espérant ne pas dessaler... Un canoë plein d’eau pèse pourtant plusieurs centaines de kilos qu’il est presque impossible de ramener au bord. Les sous-marins vous gonflent ? Mettez des gonfles à votre canoë !
Par Paul Villecourt / outdoor-reporter.com
Vous venez d’acquérir un nouveau canoë ? Le canoë du club tout poussiéreux semble vous regarder d’un air suppliant pour faire un tour ? Halte là ! La ballade devra encore attendre une paire d’heures. Trop longtemps, les pagayeurs ont embarqué dans des bateaux non sécurisés, sous le mauvais prétexte que le parcours était facile. Un canoë ouvert ne coule pas vraiment, c’est vrai, mais le ramener au bord une fois dessalé est une vraie galère. De plus, chaque dessalage risque d’abîmer le bateau. Pour les canoteurs occasionnels, le système D est parfois possible pour faire flotter la bête. Le randonneur sage quant à lui pourra appliquer ces conseils pour faire de son bateau un vrai baroudeur.
Il existe quelques kits de montage comprenant tout le matériel nécessaire : oeillets, cordelette, rivets Pop, clips de fixation de gonfles, ancrages de fixation, colle Vynile. Nous avons monté un kit Beluga + gonfles Esquif (distribué par Canoë Diffusion) sur un Nova Craft Prospector, mais le même montage peut être réalisé sur tous types de canoës équivalents (Old Town, Esquif, Gatz...). Sur les autres modèles, si une gonfle centrale ne peut être installée, posez au moins les deux sacs de pointe et utilisez des bidons étanches bien arrimés au centre pour augmenter la flottabilité. Il faut compter environ 50 Euros pour un kit complet et 140 Euros pour une bonne paire de gonfles. Rajoutez 85 Euros pour une gonfle centrale. Le montage prendra 2 ou 3 heures selon les bateaux et la débrouillardise. Nous avons volontairement simplifié l’explication, notre propos étant avant tout de vous inciter à sécuriser le canoë. Les constructeurs pourront vous donner des indications plus précises.
Sacs de pointe
1/ Gonflez le sac et positionnez le dans la pointe. Placez une règle au-dessus de l’extrémité du sac, mesurez la distance entre les deux extrémités du plat bord (pontet) du canoë. Divisez cette distance par 4, sachant que vous allez fixer 5 oeillets de chaque côté. Par exemple, si vous mesurez une distance de 55 cm, vous devrez placer les oeillets environ tous les 13/14 cm. Marquez les repères au crayon sur le plat bord.
2/ Au niveau de chaque repère, percez un trou en-dessous du plat bord sans bien sûr le traverser de part en part (il est creux). Assurez-vous que votre foret corresponde bien au diamètre des rivets Pop (foret de 5 sur notre kit). Fixez les oeillets avec la riveteuse en prenant soin de placer leur partie plate contre le plat bord. Si le positionnement de l’un des oeillets tombe sur la poignée de portage, n’hésitez pas à dévisser l’écrou de celle-ci pour fixer l’oeillet.
3/ Laçage horizontal : 5 oeillets sont donc maintenant fixés face à face. Le laçage horizontal peut commencer. Avec 6 mètres de cordelette, faites un laçage comme indiqué sur la photo. La cordelette doit coulisser librement sur les oeillets situés aux extrémités alors qu’un croisement doit être fait sur les oeillets intérieurs. Ce laçage part de l’intérieur du canoë (côté siège) pour aller vers la pointe et ensuite revenir vers l’intérieur. Le laçage peut être terminé par un simple système de boucle et de noeud : un tour mort et des demi-clés par exemple (“car de mémoire de marin un tour mort et 2 demi-clés n'ont jamais lâché” !). Avant de tendre l’ensemble, on prendra soin de réaliser 2 ou 3 “noeuds boucles” comme indiqué sur la photo, suivant le nombre d’ancrages de fixation à la coque dont on dispose (3 noeuds pour deux ancrages). A noter qu’un seul ancrage peut suffire. Nous aborderons le collage des ancrages un peu plus tard.
4/ Avant de procéder au laçage vertical, attachez la gonfle à l’intérieur de la pointe grâce au système de clips qui peut se fixer d’un côté sur la corde de portage et de l’autre côté sur la gonfle. Il est important de bien fixer la gonfle au canoë car celle-ci sera mise à rude épreuve en cas de dessalage. Le laçage maintient la gonfle en place, mais c’est ce système de clips qui assure la solidité de la fixation.
5/ Laçage vertical : selon le nombre de noeuds-boucles et de points d’ancrage, le but est de former un système de losanges qui va maintenir la gonfle en place. Sur les côtés, on peut utiliser des noeuds-boucles ou les oeillets dans lesquels la cordelette peut passer une deuxième fois. Ce laçage vertical se fait à l’aide d’un autre morceau de cordelette fixé avec un système de noeud et de boucle permettant de dégager la gonfle facilement : transport, entretien, transport de matériel en-dessous de la gonfle...
Gonfle centrale.
On applique la même méthode de montage en prenant soin de fixer les oeillets tous les 10 cm environ. Le laçage horizontal nécessite environ 12 mètres de cordelette. Il se fait selon le même principe que pour les sacs de pointe. Le laçage vertical est un peu plus délicat. Il se fait avec un autre morceau de cordelette et demande un peu d’inventivité pour arriver à réaliser le plus de losanges possible pour enfermer la gonfle dans sa cage. Sur la photo, les extrémités des losanges sont réalisés sans noeuds et avec un simple tour mort sur les brins de la cordelette. L’affaire n’est pas aussi compliquée qu’elle n’y paraît...
Collage des ancrages de fixation.
Le collage des ancrages de fixation est une étape simple à réaliser mais délicate : il est facile de positionner les ancrages mais l’usage de la colle Vynile demande un timing précis qui peut varier en fonction de la température du moment. Les 3 ancrages de la gonfle centrale doivent être bien positionnés à l’aplomb des derniers oeillets et au milieu du canoë. Avant de coller, on prendra soin de nettoyer et dégraisser les deux parties à coller (coque et ancrage) avec de l’alcool à brûler. On applique ensuite la colle sur les deux parties et on laisse sécher théoriquement 5 minutes (timing pour de la colle rapide et une température minimum de 15° C) avant de coller l’ensemble. Dans tous les cas, bien vérifier le temps de collage conseillé sur le tube. Après avoir assemblé les deux parties, passer un rouleau à tapisserie pour chasser les bulles et créer une forte pression indispensable au collage. Laisser sécher 24 heures avant de finaliser le laçage vertical.
Conseils :
- Attention au soleil ! Prenez soin de ne pas laisser les gonfles exposées au soleil et pensez à dégonfler les gonfles suffisamment lorsque le canoë est rangé ou transporté plusieurs heures sur le toit d’un véhicule.
- Attention aux ronces ! Les gonfles disponibles sur le marché sont assez solides mais ne sont pas increvables. Des ronces, une branche ou un objet pointu peuvent les percer facilement. Il est donc recommandé de protéger ses gonfles avec des plaques d’Aquilux (Polypropylène alvéolé) qui ont la caractéristique d’être très légères et très robustes. Elles sont aussi très bon marché et se trouvent notamment chez les marchands d’enseignes publicitaires.
Remerciements : Canoe Diffusion pour le matériel et Christian Barbier pour le montage.